Dungeon World [B-4] : l'Ordre de l'Oeil Rouge

Nos héros ont quitté Keshira et arrivent à Port-Azur ! Bettravia la voleuse (Laul) doit nous laisser pour quelques temps mais Cartus le cambrioleur halfelin (Jo) ne tardera pas à rencontrer nos chers aventuriers, Lion l’éclaireur (Dono), Accacius le mage (Mich) et Anastasia la barbare (Zaël). Fraîchement débarqué à Port-Azur, ils seront pris à parti par d’étranges chasseurs de mage… Bonne lecture :)

Sans dire au revoir

Nos héros émergent d’un repos bien mérité. Les vagues ballottent le navire qui les amènent à Port-Azur. Lion jette un œil à Silver. Le jeune loup sort également de sa torpeur. Coup d’œil vers le gouvernail qui tourne dans le vide. Plus de trace de Bettravia qui avait pris la barre pour la nuit. Accacius se réveille également, attrapant son grimoire, et se dirige vers la cale. Il n’y trouve qu’un mot. Écriture maladroite. “Désolé de vous lâcher. J’ai quelque chose à régler. On se retrouvera.” Anastasia cherchant frénétiquement sa bourse, lâche un cri de colère. La voleuse a délesté ses amis de quelques pièces d’or. La table de la couchette a également disparue, laissant ses quatre pieds, comme si une ingénieuse personne en avait fait un radeau.

Quelques heures plus tard, les rivages du Triumvirat se dessinent derrière la brume. Anastasia, dirigeant l’embarcation, se souvient des légendes que racontaient les anciens de son village. L’histoire d’un temple empli d’or et de magie, loin, au nord du Triumvirat. Port-Azur laisse apparaître ses maisons aux couleurs vives et son immense verger. Sur la jetée, trois silhouettes discutent. Anastasia approche le navire et l’immobilise. Une jeune femme casquée les interpelle : “Vous là, descendez et approchez. Je m’occupe de vous dans quelques instants”.

Carte de Port-Azur

Elle est en train de discuter avec un jeune halfelin du nom de Cartus. Il recherche une ancienne relique pour le compte de Boldal, un notable de Keshira. Ses recherches l’ont mené ici, en plein coeur du comté de Biagio. Sans donner trop de détail, il explique à la jeune femme qu’il est là pour affaires et passe sans qu’on lui pose plus de questions. La capitaine se tourne vers nos compagnons fraîchement débarqués et les scrute de long en large. Elle les questionne sur la raison de leur voyage et émet une inquiétude à voir débarquer des personnes si bien armées dans ce paisible village. Lion explique qu’ils sont là pour rencontrer quelqu’un. Cartus, ayant tendu l’oreille, s’immisce alors dans la conversation et jette un “Cousine Alberte ?!” à Anastasia, qui joue instinctivement le jeu. La jeune capitaine et son second laisse passer les aventuriers. Nos héros demandent à qui ils pourraient laisser leur bateau le temps de leur séjour. La capitaine leur indique le chantier naval. Ils passent devant la thonnerie. Les pêcheurs sont en train de ranger les filets, en chantonnant de célèbres ritournelles. Un peu plus loin, le fabricant de bateau les accueille. Il reprend la barque de Cartus pour une misère et explique qu’il manque de bois ces derniers temps. La dernière livraison en provenance de San Paulina n’est jamais arrivée. Les aventuriers proposent de mener l’enquête contre récompense. Le fabricant n’y voit pas d’inconvénient mais si d’autres sont prêts à donner une partie de la prime. San Paulina et son monastère sont à cinq jours de marche de Port-Azur, à moins de couper par les montagnes, en empruntant le Passage de la bête. Il accepte également de garder le navire de nos trois compagnons, à condition de pouvoir l’utiliser pour la pêche le temps qu’ils le récupèrent. Le soleil disparaît derrière les montagnes.

Chasseur chassé

Nos amis se dirigent vers la place du village et arrive devant l’auberge. L’enseigne indique Le Marin et l’Orange. Autour, tout est calme, comme si la modeste taverne rassemblait toute la population du village. Avant d’y entrer, Lion demande à Accacius de mettre en place un lien télépathique entre eux. Accacius débute son incantation. Soudain, une terrible douleur parcours le bras de Lion et une marque apparaît sur le dos de sa main droite. Un œil, comme une marque au fer rouge dans sa chair. Accacius, jette un œil autour de lui. Une silhouette attire son attention en bordure des bois. Elle se détache dans la nuit et les observe. Quand Accacius se tourne vers elle, elle disparaît comme une tâche d’encre dans l’eau. Lion, malgré l’étrangeté de la marque sur sa main, décide d’aller chasser dans les bois avec Silver. Accacius insiste pour l’accompagner, mais Lion lui conseille de se reposer. Tout ira bien, il est accompagné de son fidèle loup. Au moindre danger, il l’enverra chercher de l’aide. Lion disparaît derrière les maisons et s’enfonce dans les bois. Accacius, Anastasia et Cartus pénètrent dans l’auberge. L’aubergiste les accueille d’un rire tonitruant : “Ah ! C’est vous les cousins ? Y’a pas à dire, vous êtes bien différents ma parole !”. Il les invite à prendre place à la table du fond et leur sert à boire. Cartus négocie un lit dans la pièce commune. Anastasia et Accacius préfèrent louer la plus luxueuse des chambre, laissant Cartus jeter un bref regard sur les richesses accumulées.

Pendant ce temps, dans les bois, Lion est sur la piste d’un sanglier. Aidé par le flair de Silver, il ne tarde pas à tomber sur l’animal. il gît au milieu du bois et semble avoir été égorgé. Soudain, un homme encapuchonné sort de l’ombre : “Je te tiens, mage !”. Le traqueur se jette sur lui. Lion envoie Silver prévenir les autres et tente de se défendre. Mais l’adversaire tend la paume de sa main vers Lion, ce qui relance la vive douleur dans son bras. Lion peut voir briller la même marque dans le cuir du plastron de son poursuivant. Lion prend la fuite alors que deux autres opposants rejoignent le premier et se lancent à sa poursuite. Silver, déjà loin, court à pleine vitesse à travers les bois.

Dans la taverne, Cartus jette un oeil aux tables alentours. Il s’avance vers le marin le plus ivre qu’il puisse trouver. Un pauvre bougre avachi sur sa choppe. Cartus lui paye un verre et lui soutire quelques informations sur la région. L’homme fait à peine allusion à la fête du village qui a lieu demain. Il fait part de sa peur de l’Ordre d’Othan, un ordre religieux ayant établi un camp dans la région. D’après lui, ce sont de véritables fanatiques qui n’ont aucune limite. Après quelques verres de plus, Cartus profite de l’ivresse de son voisin de table pour lui faire les poches. Mais Anastasia passe derrière eux et vole la bourse au nez et à la barbe de Cartus. Les deux aventuriers se jettent un regard de défiance. Anastasia sort, sourire aux lèvres, suivi de près par Accacius. Dehors, Accacius et Anastasia discutent au sujet de Cartus. Anastasia ne lui fait pas confiance. Accacius s’en méfie également. Il doit faire ses preuves. Alors, Cartus sort de l’auberge en râlant. Anastasia lui lance la maigre bourse, en profitant pour narguer le halfelin. Silver sort de derrière une maison et vient grogner à leurs pieds. Lion est en danger. Accacius conjure Silver de l’amener à Lion. Le loup argenté s’élance, suivi par les trois voyageurs.

Lion trébuche à plusieurs reprises. Ses poursuivants gagnent du terrain. Soudain, il observe une lueur arrivant face à lui. Il est cerné. Il sort sa dague et se précipite sur la lumière. Sa dague se plante dans une armure de cuir. Il lève les yeux et découvre le regard d’Anastasia. La lumière n’était autre que le bâton d’Accacius, irradiant d’une lumière magique. Lion, recule de quelques pas, les yeux écarquillés. Derrière lui arrivent les trois traqueurs, toujours à sa poursuite. Accacius lance un missile magique sur un des individus. Il est projeté dans l’obscurité de la forêt. Lion envoie une volée de flèches sur les deux autres. Anastasia achève l’un d’entre eux de sa hache et agrippe l’autre pour le faire parler. Pendant ce temps, Cartus s’est faufilé dans l’ombre pour achever le dernier avec sa dague. Le survivant ne voulant pas parler, Accacius utilise sa magie pour le charmer. Le regard de l’homme change, ses souvenirs immédiats deviennent flous. Après quelques banalités, l’homme leur explique qu’il fait partie de l’Ordre de l’Oeil Rouge, un groupe de chasseurs de magie, traquant le moindre sorcier pour lui voler ses sorts et comprendre sa magie. Leur maître, un mystérieux sorcier nommé Grild, et ses sbires ont récemment pris d’assaut le Monastère de San Paulina. Lion en apprend plus sur la marque. Il s’agit d’un sortilège permettant de marquer les utilisateurs de magie dans une zone. Un lien magique est alors créé, guidant le chasseur vers sa proie. Le seul moyen de mettre un terme au sortilège est d’en tuer le lanceur. A peine a-t-il terminé sa phrase qu’Anastasia l’achève. Ils décident de se reposer cette nuit et de partir demain pour le passage de la bête. En arrivant dans le dortoir commun, Cartus profite du sommeil des autres clients pour dévaliser leurs bagages. Mais il finit par se faire prendre par l’aubergiste. Il lui offre son silence en échange de la moitié du butin.

Le passage de la bête

Le lendemain, après quelques achats à l’auberge et au forgeron, plus spécialisé dans les hameçons que dans les dagues, nos amis se mettent en route. Ils s’enfoncent très vite dans le bois de Tourne-Branche. Tous les arbres se ressemblent, et les aventuriers prennent plus de temps que prévu. Après deux jours de marche, ils atteignent l’entrée du passage. Les villageois parlent d’une bête énorme qui erre dans les environs. Mieux vaut prévenir. La troupe se met à étudier la zone, cherchant un moyen de piéger ou attirer la créature. Accacius propose de transformer un rocher en biche pour l’appâter. Cartus scrute les alentours à la recherche de pièges mais ne trouve que les restes d’aventuriers malchanceux. Leurs crânes semblent brisés, comme écrasés par un énorme marteau. Accacius s’intéresse alors à d’étranges toiles d’araignée collées aux parois de la caverne. Il ne tarde pas à en trouver l’origine : un parchemin trouvé près du squelette d’un moine. Sur le manuscrit, une incantation, accompagnée sobrement de l’annotation “Sortilège de toile” et de quelques schémas.

Mais la halte de nos amis traîne en longueur. Leurs voix se propagent dans la caverne, réveillant la créature qui approche d’un pas lourd. Un immense cyclope de cinq mètres de hauteur sort du passage, s’agrippant à la falaise comme on attrape le bâti d’une porte trop petite. Plus le temps de parler, il faut agir. Accacius et Lion attire le monstre dans leur direction à coup de flèches et de fanfaronneries. Cartus et Anastasia se planquent dans les buissons alentour. Le voleur sort de son sac un grappin qu’Anastasia fait tournoyer avant de le lancer vers le cyclope. Elle loupe sa jambe. Le grappin vient s’enrouler autour du bras du colosse, et d’un coup sec, elle tire notre barbare vers lui. Voyant la corde pendre au bras de la bête, Lion et Cartus tentent de l’utiliser pour atteindre son œil. Mais il se débat et désarçonne Lion avant qu’il n’ait pu s’y agripper. Le cyclope attrape un arbre de ses deux mains et le déracine. Il ne tarde pas à s’en servir pour écraser Cartus. Mais notre voleur est agile et parvient à grimper sur son adversaire. Cartus réussit à toucher l’œil globuleux du géant avec sa dague avant d’être dégagé à son tour. Le cyclope entre dans une colère noire et commence à marteler le sol de ses deux poings.Tous esquivent, sauf Cartus. Le halfelin est écrasé dans un bruit sourd et frôle la mort. Anastasia, voyant la situation dégénérer, fait une glissade sous le cyclope, et lui plante son épée dans l’aine. Le créature, embrochée, s’écrase lourdement sur le sol.

Cartus attrape avec peine sa seule potion de soin et la boit. Il ne tarde pas à retrouver sa vitalité, malgré les égratignures. Il rejoint le reste du groupe autour du corps du cyclope. Rien de valeur pour un humain. Mais le jeune halfelin voit en l’ongle du géant un magnifique bouclier. Il le déchausse d’un coup de dague. Après avoir repris leurs esprits, nos héros s’aventurent dans le passage. Le passage s’enfonce profondément dans la montagne, et après une longue marche dans la caverne, nos amis se retrouvent face à un précipice. De leur côté, un levier. En face, un pont levis. Le bruit d’une rivière souterraine se fait entendre au fond du gouffre. Cartus fait signe aux autres de ne pas approcher le levier et commence à analyser la zone. un squelette au crâne brisé gît au milieu d’un amas de roches. Le voleur recule de quelques pas, enroule son grappin autour du levier et l’active. Bruit de mécanisme hydraulique. Un rocher tombe d’une cache au sommet de la caverne et se pulvérise sur le sol, juste devant le levier. Cartus s’approche à nouveau. Le pommeau du levier semble activer un mécanisme. Il le tourne. Bruit de chaînes. Le pont levis s’abaisse. Ils continuent de s’enfoncer dans l’obscurité de la montagne.

Soudain de la lumière. Ils arrivent près d’un mur. Construction humaine. Des briques manquantes laissent apparaître une crypte de l’autre côté de la cloison : de nombreuses sépultures, des cercueils de pierre sculptées, typiques de la région. Anastasia et Cartus se bousculent pour observer les environs et tombent, faisant s’effondrer le mur déjà endommagé. Aucun doute, ils sont dans le monastère de San Paulina. A l’autre bout de la crypte, une porte de bois. Anastasia, à court de patience, défonce la porte du pied. Le groupe tombe nez à nez avec des traqueurs de l’Ordre de l’Oeil Rouge.

A suivre…

Illustration du header by bongoshock

par Niels Sarys